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Script de partage social sans service externe
Par Edward Cage | Le 26/05/2018
Ce n'est un secret pour personne : la présence sur les réseaux sociaux est un aspect incontournable de la promotion d'un service web. Référencement, apport direct de trafic, amélioration de l'image de marque : chaque partage de contenu sur ces plates-formes présente plusieurs avantages immédiats. Qu'il s'agisse d'interpeller, d'informer ou de vendre, n'importe quel créateur de contenu ou de service sur Internet cherchera à faciliter ce type d'interaction, s'il souhaite que sa communication ait un vrai impact. Ce n'est pas pour rien qu'une large majorité de sites web affichent des boutons de partage sur leurs pages et que les CMS proposent et encouragent leur mise en place à coup de conseils et de tutoriels. Faciliter le partage est une démarche incontournable et placer dans cet objectif des boutons sur les pages de son site est un moyen efficace de l'atteindre en minimisant les manipulations que doivent effectuer les visiteurs.
En effet, l'utilité des boutons de partage n'est pas seulement de permettre à l'internaute de partager votre contenu sur les réseaux sociaux : c'est déjà une chose qu'il peut faire sans votre aide en intégrant l'adresse d'une page à un message sur son réseau favori. Leur grand intérêt est surtout de lui permettre de le faire sans le moindre effort, en à peine deux ou trois clics. Mentionner un contenu que l'on vient de lire est une décision qui se prend rapidement et la nécessité de copier-coller une adresse ou d'écrire un message constitue un micro-obstacle. Ce n'est bien-sûr pas le principal élément qui va conditionner cette décision, loin de là. Mais placer ces habituels boutons sur une zone visible de son site est un moyen de mettre toutes les chances de son côté.
C'est d'ailleurs pour cet intérêt que la plupart des CMS proposent d'intégrer ce type de boutons, soit en utilisant les boutons fournis par les réseaux sociaux, soit en faisant usage d'un service tiers. Mais, aussi utile que ces boutons puissent être pour la promotion de son contenu, ils peuvent aussi ne pas convenir à tout le monde.
Ces chiffres sortis de nulle part
Par Edward Cage | Le 08/05/2018
Que ce soit en tant que lecteur curieux ou citoyen remplissant son devoir d'information, ou encore en tant que membre d'une entreprise, d'une association ou d'une administration publique, il vous est déjà souvent arrivé de chercher à mieux comprendre un fait social ou un groupe plus ou moins large de personnes. Mieux comprendre vos concitoyens, évaluer les envies de vos consommateurs ou l'efficacité d'une mesure sur une population, décrypter une culture inconnue, chercher des conseils pour optimiser les process de votre entreprise ou un avis sur le potentiel d'un projet ou d'un produit : tout cela nécessite des informations, une description de ce que font ou pensent certains groupes, certaines populations et les sous-populations qui les composent. Et pour cela, vous lisez des études ou des articles qui en font mention, vous écoutez des discours de personnalités politiques ou de représentants d'entreprises, voire vous envisagez de faire appel à un prestataire si vous êtes une entreprise, une association ou un organisme public.
Voilà une démarche très saine que de chercher à s'informer pour mieux comprendre l'être humain ou la population sur laquelle vous travaillez. Mais pour cela, encore faut-il que les informations auxquelles vous avez accès soient complètes et fiables.
Et c'est sur ce point que je souhaite vous interpeller, car à moins d'être un professionnel de ce secteur, vous aurez sans doute quelques difficultés à déterminer si les affirmations auxquelles vous avez accès sont fiables ou non (ou si la prestation que vous avez commandée en tant qu'organisation vaut l'argent que vous y avez investi). Et il est malheureusement fort probable que vous tombiez sans le savoir sur les résultats peu utilisables ou à l'intérêt anecdotique d'un des nombreux instituts d'études peu regardant sur la véracité des données qu'ils fournissent.
Même les plus grands groupes, leaders du marché international depuis plusieurs décennies et jouissant d'une immense renommée, fournissent souvent des travaux du plus grand amateurisme et regroupent des chargés d'études ne disposant pas des compétences techniques nécessaires. Tous font débourser à leurs clients plusieurs milliers d'euros pour des études au mieux superficielles et bien souvent biaisées voire, dans certains cas, délibérément mensongères.
J'ai ressenti le besoin d'écrire cet avertissement en réaction à de nombreuses situations révoltantes auxquelles j'ai été confronté depuis plusieurs années.
- En tant qu'étudiant, j'ai vu des amis revenir de stages dans certains instituts en me décrivant leur travail comme une masse de projets exécutés à la va-vite, sans la moindre implication et donnant des résultats d'une qualité suffisamment médiocre pour que la plupart aient sérieusement hésité à l'idée d'inscrire cette expérience sur leurs CV.
- En tant que chercheur d'emploi, je me suis présenté à des entretiens pour des postes que j'ai fini par refuser et durant lesquels on m'a expliqué que "On souhaiterait faire des enquêtes plus approfondies, mais nos clients veulent qu'on réponde à leurs questions dans les deux jours", ou encore que "On le sait que nos résultats ne sont pas rigoureux, mais bon ... c'est pas grave".
- En tant qu'amateur de jeux vidéo et ancien rédacteur de brèves sur l'actualité vidéo-ludique, j'ai lu des études prétendant décrire l'usage de ce média chez la population française, et proposant une vision simpliste et exagérée des joueurs, qui seront parfois décrits de telle ou telle manière dans l'objectif explicite de servir les intérêts politiques des éditeurs.
- En tant que sociologue, j'ai observé des politiciens réutilisant aveuglément des mesures dénuées d'explication et de contexte et n'hésitant pas pourtant à les présenter comme des faits indéniables, car "avoir les chiffres sous les yeux" semble suffire.
Et j'ai surtout vu de nombreuses personnes de tous horizons croire des affirmations infondées, sans se poser de question. C'est donc pour tout cela que j'écris ce petit texte dénonçant ces trop nombreuses études dénuées d'éthique et de fondement scientifique : pour que vous, entreprises, grand public, ou décideurs politiques, puissiez avoir quelques indices à repérer pour, si nécessaire, prendre un peu de recul sur ce qui vous est dit. C'est donc ce type d'études que je vous propose ici d'apprendre à reconnaître, à l'aide d'un petit ensemble de caractéristiques facilement repérables et formant un portrait-type correspondant à la plupart des études superficielles qu'on lit un peu partout.
"Addiction aux jeux vidéo" : un grave abus de langage
Par Edward Cage | Le 20/07/2017
Ah, Jeu vidéo et dépendance ! Avec celui regroupant Jeu vidéo et violence, voici un duo qui a été moult fois abordé, en articles, en discussions, en études de toutes sortes, souvent pour s'attaquer à ce média et encore plus souvent pour le défendre avec virulence. Car il y a une chose que l'on peut remarquer : après quelques décennies d'infantilisation et de diabolisation, les joueurs, journalistes et développeurs ont appris à faire d'immenses levées de bouclier chaque fois que le Jeu vidéo subit une attaque. Une simple phrase prononcée sur un coup de tête par un animateur qui ne pensait faire de mal à personne ou une simple publicité voulant faire un clin d'œil afin de faire la promotion d'un service peuvent facilement mener à un scandale tel que la personnalité ou l'entreprise visée sera vite contrainte à présenter des excuses publiques. Il y a quelques temps, après la fusillade du lycée Tocqueville de la ville de Grasse, William Audureau écrivait un article au sujet de ce type de réaction massive que l'on pouvait observer alors que les accusations contre le Jeu vidéo n'ont finalement été que très marginales. Rien de surprenant à cela : à force de subir mépris et accusations violentes, on finit par adopter une attitude défensive qui ne pourra s'estomper que de plusieurs années après avoir finalement obtenu une légitimité de la part du grand public.
Aujourd'hui, cette légitimité est presque en place pour le Jeu vidéo et les vieux préjugés disparaissent peu à peu. Mais voilà : les choses mettent du temps à évoluer. Et même si cela a été démenti à un nombre incalculable d'occurrences, l'idée d'une "addiction vidéo-ludique" continue de se promener dans les esprits et d'être présente dans la conscience collective. Récemment, l'association de lobbying américain Video Games Voters Network a dénoncé l'émission 20/20 pour une édition consacrée à la cyberaddiction et qui, selon eux, diaboliserait le Jeu vidéo. L'association a ainsi profité de sa courte publication pour rappeler que ni l'American Medical Association ni l'American Psychiatric Association ne reconnaissent l'existence de l'"addiction vidéo-ludique".
Et pire encore : en plus d'être reprise par ceux qui ne connaissent pas le média, cette idée d'addiction est également reprise par certains pratiquants. Étrangement, il peut arriver d'entendre ce type de discours de la part de joueurs réguliers et intégrés au milieu et à la culture vidéo-ludique. Pourquoi ? Difficile à dire, mais toujours est-il que l'idée d'addiction au Jeu vidéo est toujours bien présente. Et, même si ce sujet a déjà été abordé de très nombreuses fois, je souhaiterais l'aborder à mon tour, comme une sorte de rappel.
Travailler chez Google : une ironie de la liberté ?
Par Edward Cage | Le 28/08/2016
9 Décembre 2007 sur France 5 : un documentaire propose de découvrir les coulisses d'une entreprise devenue depuis seulement quelques années incontournable dans nos usages du numérique et tout particulièrement de la recherche sur Internet. Après un développement spectaculaire dont seules les start-up sont aujourd'hui réputées capables, Google était déjà à cette époque une multi-nationale respectée et désignée comme modèle, ce qui lui a valu d'être le sujet d'un documentaire cherchant à mettre en lumière les particularités qui lui ont permis d'atteindre un tel succès : le business-model qu'il a peu à peu mis en place, sa philosophie d'origine, mais aussi l'organisation de ses ressources humaines.
Je me souviens d'une impression étrange au sujet des relations entre les salariés de cette entreprise, lorsque j'ai regardé ce petit film pour la première fois, quelques années après sa diffusion originale. Une impression qui me semblait irrationnelle, que je ne parvenais pas à m'expliquer et que, ne sachant comment la décrire, j'ai fini par caricaturer en établissant un parallèle consciemment exagéré avec l'idée que l'on se fait d'une dérive sectaire, c'est-à-dire privant les personnes de leurs libertés individuelles et de leur libre arbitre. Google m'apparaissait à ce moment-là comme une entreprise ayant une tendance à la dépersonnalisation de ses salariés qui ne se rendaient compte de rien. Je venais alors à peine de débuter mes études de sociologie et je ne disposais pas encore du réflexe d'analyse et du recul qui auraient pourtant pu me permettre de comprendre immédiatement l'origine de cette intuition qui était en fait loin d'être aussi erronée que je le pensais alors.
Pourtant, le Google présenté dans ce film, cette entreprise pleine de libertés dans l'organisation de son travail et d'acceptation d'autrui semble à première vue se tenir à l'exact opposé des idées d'embrigadement, de lavage de cerveau ou d'enfermement. On nous y décrit une "ambiance cool et détendue", une absence de surveillance des salariés qui accomplissent les missions qu'ils "se sont eux-mêmes assignées", "une forme de chaos global où plus personne ne sait qui dirige qui", ou encore la célèbre règle des 20% permettant aux ingénieurs de travailler un jour par semaine sur un projet totalement libre. Et pourtant, sans aller bien-sûr jusqu'au concept de secte que je considérais déjà à l'époque comme totalement caricatural pour décrire Google, il s'avère que ces organisations prônant ouvertement la liberté des employés dans leur travail peuvent parfois être tout aussi liberticides que les entreprises plus classiques, mais, contrairement à ces dernières, sans même que leurs salariés ne parviennent à en prendre conscience.
Voici donc ce que nous allons ici tenter de décrire et de comprendre au travers de l'exemple de Google, tel qu'il est présenté dans le documentaire Google, la machine à penser (Gilles Cayatte, 2007).